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Cycle « maisons des champs », le domaine Melchior Philibert à Charly : une maison des champs à l'aube du siècle des Lumières

(été 2009)

Le domaine Melchior Philibert

Après la maison Renaissance des Gondi, nous voyagerons dans le temps pour découvrir la demeure du célèbre négociant lyonnais, Melchior Philibert.
Ce fils de marchand Saint-Chamonais naît en 1645 à Lyon où il fait fortune dans la banque et le commerce, indissociables à l'époque. Mécène, bienfaiteur des deux hôpitaux lyonnais ( il sera trésorier de l'Hôtel-Dieu), ce père de six enfants négocie non seulement " dans tout le royaume mais également dans tout le monde connu ". Il prête de l'argent aussi bien à la ville de Lyon qu'au Roi.
Anobli en 1722, il mourra 3 ans plus tard dans sa maison de Charly, à l'âge de 80 ans.

l'observatoire

Le domaine

Lorsqu'il achète le clos de la Haye en 1691, celui-ci est entièrement occupé par la culture de la vigne. Pendant 7 années, Melchior Philibert ne va avoir de cesse de l'agrandir jusqu'à atteindre 11 hectares d'un seul tenant, occupant une situation géographique privilégiée avec une vue à 360°.
En 1699 il fait construire un élégant pavillon au-dessus de la citerne qui reçoit les eaux captées plus au sud. Une partie du mécanisme d'adduction d'eau qui permettait une distribution dans tout le domaine subsiste encore.

La tour du Levant, située à la pointe du domaine, fut achevée peu après. De forme polygonale, trois arcades allègent sa construction massive. Restaurée par les compagnons du Tour de France en 1994, elle servait autrefois d'observatoire. l'ensemble de la propriété qui a conservé huit hectares sur les onze d'origine est remarquable également par la variété de ses jardins. Belvédère, statues, bassins, un petit bois de chênes ainsi qu'un étang offrent d'agréables promenades.

La fresque de Sarrabat

Dans toute la conception de son domaine, Melchior Philibert façonne son ambitieux projet architectural, ornemental et artistique afin de marquer le cheminement à l'ouverture d'un nouveau siècle qui ne sera autre que celui des Lumières. Il fera de sa demeure un véritable foyer artistique.

Les peintures de Sarrabat, un décor somptueux

Parmi toutes les œuvres commandées par le notable lyonnais pour orner sa demeure, une seule est parvenue jusqu'à nous, celle exécutée par le peintre Daniel Sarrabat en 1701. Nous avons déjà pu admirer l'œuvre de cet artiste lors de notre visite de la maison de l'Accueil à Albigny-sur-Saône, avec le cycle d'Esther.

La fresque de Sarrabat (détail)

Ici, à Charly, le décor se déploie sur l'intégralité des murs du salon des peintures qui était à l'origine un vestibule permettant la communication entre la cour d'honneur à l'Est et les jardins à l'Ouest. On accède à la cour intérieure par un imposant portail suivant un parcours de prestige réservé au maître des lieux et à ses invités.

En pénétrant dans cette pièce, on est tout d'abord surpris par l'ampleur du décor, classé dès 1962. Puis, on commence à détailler les scènes où se côtoient de nombreux personnages historiques et familiers de Melchior Philibert dans un décor d'architecture en trompe l'œil.
Sur la paroi sud,  le peintre représente le commanditaire  entouré d'un roi qui favorisa Lyon,  Louis XI et de Jacques Cœur,  commerçant de la Renaissance qui initia les échanges avec le Levant. Les marchands étrangers en discussion avec ses commis symbolisent le commerce international auquel il se livrait.
Non seulement mécène, le célèbre négociant était aussi un humaniste comme en témoigne les scènes représentées sur la paroi nord, la révolution scientifique et intellectuelle jouxte un concert improvisé et une conversation littéraire. Parfois des visages comme celui de cette jeune femme nous fixe accrochant notre regard. Ils ont tellement de choses à nous raconter...

En 1998, le domaine a reçu le prix du Patrimoine du Conseil Général du Rhône.


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